Lors du CSE D&I du 9 mars, vos élus ont été consultés sur la maîtrise d’œuvre externalisée (MOEE) en liaisons. Face au boom des investissements, la direction a pour objectif que cette MOEE représente 1 milliard d’€ d’investissement sur les 5 prochaines années et que les marchés cadres soient prêts dès le 1er mai 2023. Vu l’ampleur du changement pour D&I, vos élus ont estimé nécessaire de recourir à une expertise indépendante, votée par les délégations CFE-CGC et CFDT, avant de transmettre leur avis.
La MOEE en LA et LS constitue le 2e étage de la fusée externalisation à D&I, après les prestations d’appui aux projets (AOI,ACE et ACC). Il s’agit de confier à un maître d’œuvre externe la réalisation des phases études et/ou travaux de certains projets sous le pilotage d’un manager de projets de D&I qui assurera uniquement la maîtrise d’ouvrage du projet. C’est évidemment un changement de modèle organisationnel et culturel majeur pour le métier D&I qui va impacter très fortement les salariés sur plusieurs décennies.
Sur ce sujet déjà présenté pour information, forts du REX plutôt négatif des 4 expérimentations en LA et LS menées en 2022, vos élus ont donc préalablement posé une liste de questions à la direction pour obtenir plus de garanties, dont :
- Cette externalisation peut-elle vraiment permettre d’atteindre les objectifs plus qu’ambitieux ?
- Est-ce vraiment la seule solution pour accompagner le plus gros de la croissance de nos investissements ?
- Sa mise en place est-elle réaliste (capacité à faire et compétences des entreprises retenues notamment) ?
- Quels seront les impacts sur les salariés D&I, leur compétence et la qualité de vie au travail, y compris des équipiers de projet (études, concertation, contrôle notamment) en passant par les fonctions transverses (SCET, SPC) ?
- Est-ce que les impacts de ce surcroit d’activité et de ces nouvelles interfaces internes/externes ont bien été évalués dans les autres établissements (Maintenance, Exploitation, Fonctions centrales) ?
- Quelles seront les nouvelles compétences nécessaires pour faire du « contract management » ?
- Quel sera le niveau de contrôle des prestations fournies et quelles ressources y seront consacrées ?
- Qui appuiera réellement les équipiers pour organiser le pilotage de ces prestations et des marchés, aux achats, au juridique, au CNER, aux fonctions centrales de DI etc. ?
Même si la direction a complété sa copie pour tenter de rassurer, l’analyse présentée nous semble reposer sur des hypothèses optimistes. Par exemple, quand la direction évalue le coût économique de cette MOEE, elle donne un léger surcoût, de 1,3%, par rapport à un tout interne théorique (maitrise d’œuvre intégrée). Toutefois, cela repose sur une hypothèse de 20% du temps du manager de projets pour piloter ses contrats en rythme de croisière, qui semble sous-évaluée. La période transitoire d’accompagnement des prestataires retenus n’est pour sa part pas clairement évaluée.
Une telle décision qui engagera l’entreprise et ses salariés pour des dizaines d’années ne peut pas être prise à la légère : l’expertise demandée va nous permettre d’objectiver les risques et de mesurer si les conditions sont réunies pour lancer le recours généralisé à cette MOEE liaisons d’ici l’été et pour l’expérimenter dans le domaine postes.