Après les prestations d’appui aux projets, la direction amplifie le recours à la sous-traitance avec la maitrise d’œuvre complète cette fois. Résultat : jusqu’à un tiers des investissements à mener pourrait bientôt être hors de nos mains. Le collectif D&I CFDT conteste la pertinence de ces orientations et demande une nouvelle fois plus d’embauches et le maintien et le renforcement des compétences internes.
Récemment, la direction nous a présenté le 2ème étage de la fusée « externalisation », qui concernera les domaines LA, LS et sans doute postes. Il s’agit ni plus ni moins que de confier, clé en main, la maitrise d’œuvre complète (études + travaux + contrôles) à des entreprises extérieures.
Cela s’ajoute aux prestations d’Appui aux Projets (PAP) c’est à dire aux AOI, ACE et ACC, qui donnent un taux d’ingénierie de 15 % (30 M€ d’études pour 170 M€ de travaux) quand celui des salariés RTE tourne entre 2 et 8 % : 2 à 7 fois plus chers donc !
La maitrise d’œuvre complète pourrait concerner 15 % des dépenses d’investissement en LA et 20 % en LS.
Cumulé à l’externalisation via les prestations d’appui (PAP), cela nous amène donc à laisser l'externe gérer 30 % du portefeuille d’investissement en LA et à 40 % en LS !
Une direction qui fait le forcing à tout prix
Les mauvaises anticipations de la Direction sur l’organisation à mettre en place et la stratégie à adopter pour réaliser un SDDR trop ambitieux se font jour. Le déficit d’embauche est criant, les prestataires ne sont pas au niveau et les équipes démobilisées devant le volume d’activité à assurer et le flou pour y parvenir.
Nous déplorons que la Direction mette en œuvre uniquement un plan de dépenses pour rassurer notre régulateur au lieu de mettre en place un véritable plan d’action pour notre réussite collective. Il faut tenir coûte que coûte les volumes de dépenses affichés et l’externalisation est le moyen central pour y parvenir.
Rappelons que concernant les prestataires (AOI, ACE et ACC), vos élus en CSE ont intenté une action en justice car les informations données par la direction n’ont, ni permis d’écarter les soupçons de délit de marchandage, ni de prêt de main d’œuvre illicite et n’ont par conséquent pas permis de donner un avis qualifié. Sans attendre la décision de justice, la direction a décidé de mettre en œuvre ce projet…
Par ailleurs, plusieurs expérimentations de maitrise d’œuvre externalisées (MOE) ont montré leurs limites. Nombre de prestataires actuels sont défaillants et ne répondent pas à nos exigences. Que dire sur leurs capacités à encaisser l’augmentation de volume et sur leurs compétences à faire en temps et en heure ? Face à ces constats peu encourageants, le joker de la direction, c’est de dire que les contrats d’achats sont plus robustes…
Ce que la CFDT revendique
L’externalisation engagée à D&I entraine des inquiétudes légitimes chez les salariés. Si elle n’est pas encadrée et limitée, elle entrainera une perte de savoir-faire avec de gros risques sur la sécurité et la qualité de nos ouvrages.
A la CFDT, nous voulons un engagement fort de la direction pour :
- Garder au sein de D&I la maitrise de l’activité d’ingénierie,
- Maintenir un haut niveau de compétences,
- Maitriser l’externalisation à un niveau acceptable,
- Assurer aux salariés des emplois motivants et valorisants et les garder en bonne santé.
Concrètement, il faut donc :
- Des effectifs à hauteur de l’activité générée par la mise en œuvre du SDDR. Les embauches à D&I actuelles permettent à peine d’obtenir un maigre solde positif avec les départs ! On peut légitimement se questionner sur la volonté réelle de la direction d’augmenter les effectifs, alors qu’on compte déjà plusieurs centaines de prestataires dans nos locaux !
- Maintenir et renforcer les compétences internes : c’est notre force. Le savoir-faire RTE assure notre légitimité à l’externe. Pour ce faire, il faut aussi relancer l’ascenseur social. Le nombre de passage cadre a été réduit de moitié à D&I. Le collège maitrise est une porte d’entrée qui permet de faire venir des compétences d’autres métiers en permettant de surcroit des évolutions de carrière.
A la CFDT, nous croyons en la capacité des femmes et des hommes de D&I pour relever ce nouveau défi, si on leur en donne les moyens. Donner des pans entiers de nos activités à l’externe est une erreur stratégique dont l’entreprise et ses salariés payeront le prix à moyen et long terme !